La nature s'est mise sur son trente-et-un pour nous offrir une journée printanière exceptionnelle.
Elle a sorti ses pinceaux les plus délicats pour habiller le paysage des couleurs les plus douces et les plus harmonieuses.
Dans la plaine, c'est l'explosion du renouveau.
Les vergers sont transfigurés : les branches noires et sèches de l'hiver ont fait place à une palette de tons somptueux: le rose des arbres fruitiers côtoie un camaïeu de verts tendres qui enjolivent la campagne à perte de vue.
Le jaune pâle des fleurs de colza illumine les champs.
Les taches mauves des prunus isolés flamboient.
Le jaune d'or des Forsythias rutile.
Et partout, une profusion de blanc qui domine et qui éclabousse l'azur.
L'atmosphère qui se dégage de l'ensemble du tableau est une fête pour les yeux et pour l'âme.
Un peu plus tard, c'est une Chartreuse majestueuse aux toits vernissés,
telle un joyau dans un écrin boisé, qui nous accueille.
De là part notre randonnée.
Nous progressons allègrement dans la forêt silencieuse.
Nous nous emplissons de senteurs vivifiantes.
Nous débusquons avec émotion les violettes tant espèrées, d'autant plus précieuses qu'elles sont rares cette année.
La pause pique-nique est un moment privilégié, à l'ombre d'une chênaie qui nous inciterait presque à la sieste tant la quiètude du lieu est lénifiante.
Mais non,...nous attaquons avec enthousiasme la seconde partie de notre balade.
Quand soudain, tapie dans un petit vallon bien préservé, apparaît... une cerisaie.
C'est un éblouissement.
Les branches de ces arbres vigoureux sont parées de fleurs somptueuses, "charnues", qui happent le regard et ne le libèrent plus.
Du bout des doigts, j'effleure les pétales dont la douceur n'a rien à envier à la soie.
Je m'approche davantage en quête de la subtile fragrance qui émane de chaque corolle...qui me chatouille le nez !
La suavité des parfums me captive et me transporte dans un état quasi hallucinatoire....Tous mes sens sont comblés.
On se promène dans les allées, on déambule entre les arbres magnifiés.
On partage des impressions, une délicieuse jubilation nous habite.
Le chant d'une alouette anime ce tableau bucolique.
Une brise légère rafraîchit notre visage que le soleil a "rôti" auparavant.
Serait-ce le paradis?
Un gros bourdon, surgi d'on ne sait où, apparaît alors et réclame sa part de félicité. Des abeilles,ou des guêpes,le rejoignent.
On n'est plus seul.
L'instant magique est suspendu.
A proximité, un petit tapis moussu nous propose une retraite confortable :
nous nous y installons pour contempler, avec un peu de recul, ce chef-d'oeuvre de Dame-Nature.
L'enchantement du lieu reste propice à la méditation.
La halte ne peut cependant pas s'éterniser:le chemin du retour est encore long.
Un léger nuage de nostalgie embrume ma vision.
Laissons-le filer...et oublions qu'il nous faudra patienter jusqu'au printemps prochain pour retrouver un moment d'une si belle intensité.
Mais ...il sera bien doux le temps des cerises !